La sonnerie retentit et tous les élèves remballèrent leurs affaires sans attendre l'ordre du professeur. Ils fermèrent leurs sacs à une vitesse défiant toute concurrence et la salle fut vide en l'espace d'une dizaine de secondes. Enfin, vide... pas exactement. Il restait toujours le prof d'histoire et moi. Moi... Kanashii. Tristesse. Tristesse incommensurable et remords irréparables. Je rangeai mes affaires à mon tour, à une allure normale. Le professeur faisait de même. Finalement, je sortis après la totalité de la classe et il ferma la salle derrière moi.
« Eh, Kanashii », m'apostropha-t-il. « Tu vas bien ? T'es vachement pâle. »

Je levai les yeux vers lui. Il tressaillit et je me retins de soupirer. Pourquoi tous ces gens, autour de moi, frissonnaient-ils dès qu'ils plantaient leur regard dans le mien ? Certes, mes iris étaient d'un rouge sang. Ce n'était pas courant. Mais ici, rien ne semblait normal, de toute façon. En tournant la tête, on pouvait apercevoir des filles aux cheveux roses ou des garçons aux yeux violets... Alors pourquoi est-ce que je semble si différente aux yeux des autres ? Pourquoi est-ce que personne ne soutient mon regard ? Qu'ai-je donc de si... effrayant ? Je sombrai encore une fois dans le désespoir. Je ne veux pas de cette vie. Je ferai tout et n'importe quoi pour retrouver le Dreamcore et réparer mes erreurs. Mais je ne dois pas me faire remarquer. Et... ce n'est pas en mettant les gens mal à l'aise comme je semble le faire que je vais y parvenir.
« Oui, je vais bien », fis-je de mon éternelle voix atone. « Merci. »

Ma pâleur... elle doit me venir de ma pseudo-mort. De ma tentative de suicide... au bout de laquelle je n'ai pas pu aller, de part ma lâcheté. On dit que les noyés ont un teint horrible... Cela est probablement mon cas.
« Bon. Va quand même à l'infirmerie, OK ? On ne sait jamais. »
Là encore, le soupir faillit franchir mes lèvres. Je suis pâle... livide, même. J'étais particulièrement claire à la naissance, mais visiblement, cela ne s'est pas arrangé... Bien. J'irai à l'infirmerie pour qu'il arrête de me harceler.
… Harceler ? Il ne me harcèle pas, il est juste soucieux à mon égard. C'est compréhensible...
« Oui. Merci. Au revoir. »

Je partis sans demander mon reste. Pour aller où ? Je ne savais pas. C'était la récréation. Tous les élèves sortaient dehors. Je n'avais pas envie de les rejoindre. Je ne suis pas à l'aise en société, à présent. Je me sens trop... sale. Ignoble. Mais je ne dois pas non plus attirer l'attention... Cela dit, si je descends, je suis sûre de me faire remarquer. Une jeune fille aux très longs cheveux noirs et au teint si cadavérique... Sans parler de cet effet étrange que je provoque chez mes interlocuteurs... Je soupirai, réellement cette fois, et partis errer sans but dans les couloirs. Je passai devant les portes des salles de classe, certaines ouvertes, d'autres fermées... la plupart closes. Je repensai à ma journée. Je n'avais eu que deux cours précédemment... maths et histoire. Mes deux premiers cours dans cet établissement. Que je n'aimais pas. J'avais hâte que la journée se finisse et que je puisse rejoindre le Dreamland.
Toute à mes pensées, je déambulais mécaniquement en regardant le sol. Aussi ne vis-je pas le garçon qui sortait de l'une des salles en question. Je ne marchais pas vite, au contraire, mais je le percutais tout de même. J'eus un petit sursaut et m'écartai prestement.
« Excuse-moi », murmurai-je.
Était-ce tout ? Eh bien... oui...

Il y a des matins comme ça ... Où il est déjà 14 heures ... Et où tu te dis : "Putain, mais qu'est-ce que j'ai foutu pour pioncer jusqu'à cette heure-là ?" ... Putaaaain ... Bon, bah, je crois que je vais me rendormir, hein, ça sert à rien de me lever pour trois heures de cours alors que je peux exploiter ces trois heures à des activités plus productives, comme faire la sieste par exemple - et faire un tour dans le Dreamland tant que j'y suis -. J'enfouis ma tête sous mon oreiller pour me protéger des rayons du soleil et tentais de retrouver le sommeil. Tentais. Et voilà que je me fais troller par mes propres yeux qui sont maintenant grands ouverts et qui ne semblent pas être prêts à se refermer. Je me résignai donc à me traîner - oui, à me traîner le plus lentement possible - vers ma salle de cours ... Tiens ... J'ai quoi comme cours d'ailleurs ? ... Géographie ?! Ah nan, alors là, nan, j'y vais pas, même pas pour tout l'or du monde - ah, quoique, ça pourrait se négocier pour l'or ... -. Pfff ... Je baillai à m'en décrocher la mâchoire et m'extirpai à contre-coeur de mon lit. Bon, après ... Gééééniaaaal ... Le parcours du combattant jusqu'à l'armoire. Je déconne pas, c'est vraiment le parcours du combattant - bordélisme et flemme de ranger, super combo de la mort que tu regrettes lorsque t'es encore à moitié dans les vapes -. Miraculeusement, je parvins jusqu'à la porte du dit meuble sans me rétamer la face par terre, malgré les câbles, les papiers, quelques fringues, des stylos et tout le foutoir qui traîne au sol. Une fois habillé et après m'être passé un peu d'eau sur le visage, j'attrapai mes affaires de cours, les fourrai dans mon sac et sortis.
Ma décision était vraiment prise, j'allais sécher. M'autoriser une séance de farniente à l'ombre dans la cour me paraissait être la meilleure option pour le moment, aussi optai-je pour ce choix et pris la direction de la sortie. Sauf que ... Sauf que je me suis fait choper en sortant. Manque de bol, un surveillant aviat décidé de prendre sa pause ici et m'avait repéré. Après avoir vérifié mon emploi du temps, il me raccompagna jusqu'à la salle, trop aimable. La prof m'a passé un joli savon, mais on a perdu un quart d'heure de cours, c'est déjà ça, je n'aurais à entendre sa voix nasillarde et ô combien désagréable que pour ... 10 minutes. C'est ... relativement supportable, on va dire.
Lorsque la sonnerie retentit enfin, je rangeai mes affaires - facile, j'avais juste sorti mon livre et je somnolais derrière, étonnant qu'elle ne m'ait pas crâmé d'ailleurs ... - et sortis de la salle en me demandant si j'allais assister au cours de maths d'après la récré ou si j'allais juste retourner faire la suite. Alors que j'étais en proie à ce dilemme - oui, j'vous merde, c'est un dilemme comme un autre, hein -, quelque chose me percuta, me faisant légèrement sursauter. Je me tournai pour faire face à la personne qui m'était rentrée dedans.
Une fille ... Aux longs cheveux noirs. Qui s'écarta le plus vite possible, à croire qu'elle avait des ressorts sous les pieds ...

« Excuse-moi » murmura-t-elle d'une voix à peine audible.

Je la dévisageai un instant, elle m'était absolument inconnue.

« Nan, c'est bon, c'est à moi de m'excuser, je regardais pas où j'allais. » répondis-je d'un ton neutre.

Elle m'avait l'air un peu pâle ... Est-ce qu'elle était malade ? Ou peut-être qu'elle ne se sentait pas très bien ? - attends, je viens de reformuler ma phrase précédente là, si c'est pas magnifique ... -. Mais elle avait un teint vraiment livide, comme si elle était encore en phase de convalescence de je-ne-sais-quelle maladie grave.

« ... Ca va ? T'as l'air un peu pâle ... Tu veux aller à l'infirmerie peut-être ? »

( HRP : Ma couleur est steelblue. OMG, j'ai réussi à écrire quelque chose qui ait un sens !!! °0° )

« Euh, je... Oui, je veux bien... »

Elle baissa la tête, l’air gêné. Timide ? Ou peut-être nouvelle, c’est possible aussi … En général, il y a un temps d’adaptation ici, surtout à cause du Dreamland en fait … C’est clair que s’endormir et se retrouver dans un autre monde est très choquant au début et on passe son temps à se pincer pour vérifier qu’on n’est pas en train de rêver - … c’est super ironique, en fait … -. Je la regardai faire quelques pas avant de déplacer mon regard vers le mur en méditant sur si oui ou non, j’allais sécher. Il me semble que le cours portera sur les dérivées ou quelque chose du genre … Bon, de toute façon, les maths, c’est pas très compliqué à rattraper par rapport à la géographie, donc je peux sécher, ça ne me fera pas de mal – sauf à mes oreilles si je me fais choper une deuxième fois -.

« Euh... excuse-moi... est-ce que tu pourrais m'y conduire ? Je ne connais pas le chemin... »

Hm ? Elle est revenue ? Ah non, elle s’est juste tournée vers moi. La conduire à l’infirmerie … La flemme … Je retournerais bien dans ma chambre me vautrer sur mon lit pour ne plus bouger de la journée, moi … Ah mais non. En fait, si je l’accompagne là-bas, j’aurais une bonne excuse pour sécher, non ? Bon, peut-être que ça paraîtra un peu bizarre aux autres que je rende service – habituellement, je réponds toujours « J’ai la flemme aujourd’hui … » en baillant, alors forcément … -.

« Je m'appelle Kanashii. »

J’hochai légèrement la tête.

« Moi, c’est Yomiel. » répondis-je avant de me mettre en marche à mon tour. « T’es nouvelle ? Ou tu as juste oublié où se trouve l’infirmerie ? »

Ces questions étaient là surtout pour meubler et empêcher le silence de s’installer mais la réponse me paraissait assez évidente : vu son teint – à moins d’être un vampire, il est scientifiquement impossible d’être aussi pâle, non ? -, elle devait avoir été malade il n’y a pas si longtemps et un passage par l’infirmerie lui aurait été imposé. A moins qu’elle ne soit le genre de péteuse qui préfère rester cloitrée dans sa chambre en geignant.

Je continuai d’avancer dans les couloirs qui se vidaient peu à peu. Je me demande qui elle est … Enfin, je veux dire, quel conte, quel camp … Si toutefois, elle peut aller dans le Dreamland puisqu’il y a quelques élèves normaux ici.

( HRP : C'est nul et en plus, c'est en retard ... *part se pendre* )

« Moi, c’est Yomiel. »

Il s'avança jusqu'à moi et pris la tête afin de me conduire à bon port. Je souris légèrement, de ce sourire triste que je n'arrive jamais à éclairer d'un rire. Je lui emboîtais le pas alors qu'il reprenait la parole.

« T’es nouvelle ? Ou tu as juste oublié où se trouve l’infirmerie ? »

Je baissai encore les yeux, gênée de ma déconvenue.

« Oui, je suis nouvelle », répondis-je. « Je ne connais encore personne. Je suis désolée de te déranger... »

Ce qui était le cas. Si me faire aider ne me déplaît pas spécialement, déranger les autres est quelque chose qui me fait grincer des dents. Je pensai à ce garçon, Yomiel. Je ne vois pas trop comment le cerner. Il est neutre avec moi – ce qui n'est pas vraiment désagréable – mais qui est-il réellement ? Je sais que la plupart des élèves sont relativement sains d'esprit, mais il y a tout de même le clan des « Elus ». Et d'après ce que j'ai compris, avec eux, on n'est jamais sûrs de rien. Je lui jetai un regard en biais. Il vaut mieux que je reste sur mes gardes.

[HRP : Aaaah, je suis désolée, j'ai presque un mois de retard et je poste un truc minable... Pardon TT]